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Les salons historiques

Le salon de musique

Les appartements de l’Hôtel de Caumont illustrent parfaitement avec leur richesse décorative les prétentions nobiliaires de ses différents occupants. À l’époque, dans les demeures du quartier Mazarin, un phénomène particulier reflète le haut niveau social de ses propriétaires : la présence de pièces spécialisées, habituellement réservées à la haute noblesse et aux châteaux princiers. L’Hôtel de Caumont comptait ainsi un salon de musique, pièce dédiée à la pratique instrumentale. À l’image des souverains musiciens, comme Frédéric II de Prusse par exemple, beaucoup ont reconnu rapidement les vertus de la musique comme occupation mondaine. Le salon de musique devient alors dans les résidences un haut lieu de sociabilité.
Afin d’assouvir leur passion musicale, en 1742 les Rolland de Réauville passent commande d’un buffet d’orgue. Si malheureusement l’orgue n’est pas resté en place (il a été acheté le 5 février 1761 à la marquise de Réauville et est actuellement à l’Abbatiale de St. Sauveur d’Aniane), ce salon permet d’évoquer les caractéristiques d’un salon de musique aixois au XVIIIe siècle.

Aujourd’hui l’œuvre centrale du salon de musique est un écrin de clavecin dont la réalisation est à situer dans les toutes premières années du XVIIIe siècle. Bien que le clavecin d’époque n’ait pas été conservé, cet objet qui en est l’enveloppe, nous permet de comprendre avec quel luxe était imaginée la décoration de l’instrument de musique. Des scènes empruntées à la mythologie classique prennent place sur les différents éléments de l’écrin : Diane changeant en cerf le malheureux Actéon qui l’avait surprise au bain avec ses compagnes pour la partie intérieure, ou encore l’enlèvement d’Europe par Jupiter métamorphosé en taureau pour le décor extérieur du couvercle.
Les gypseries du plafond, dorées à l’or fin, présentent une iconographie qui célèbre les sens : chaque angle de la pièce est décoré d’une scénette évoquant un des sens. L’ensemble est richement orné de volutes, de coquilles, de profils féminins et d’animaux fantastiques, autant d’éléments propres à l’art rocaille si cher au XVIIIe siècle aixois.

La chambre de Pauline

Cette pièce permet d’évoquer la jeunesse heureuse de Pauline de Caumont. Le XVIIIe siècle avait, après la mort de Louis XIV en 1715, redécouvert l’intimité, les alcôves et les boudoirs. Les fastes de Versailles laissent place à une vie plus confortable, les intérieurs deviennent des lieux où le luxe se mêle à la douceur de vivre. Ainsi, le lit dit "à la polonaise" présenté dans cette pièce est typique de ce goût du règne de Louis XV pour les alcôves et les lieux intimes.
C’est aussi le triomphe du style "rocaille", très présent dans les appliques aux murs de la chambre : les arts décoratifs cèdent à cette mode de la volute, du motif végétal ou minéral, où rien ne semble symétrique et tout prend des formes de "coquille" et de rinceaux. Cette esthétique rocaille participe pleinement à la création d’une atmosphère intime et chaleureuse : tout semble rondeur et préciosité.

Les gypseries de la chambre ne sont pas iconographiquement aussi riches que celles des autres salons, cependant elles se chargent d’une dimension plus intime et nonchalante avec ces figures de singes orientaux : l’un semble saluer le visiteur en levant son chapeau, tandis que le second joue sur une escarpolette. Au-dessus d’eux se retrouvent à nouveau des cartouches décoratifs avec des putti jouant avec des guirlandes florales. Ces décors sont plus tardifs que les autres car datant des Bruny, comme en témoignent les armes de la famille avec le cerf au-dessus du trumeau central.